La mémoire collective d'un territoire se nourrit des histoires, des mots et des gestes qui lui sont propres. Jean Delmas, homme du Midi et ancien archiviste départemental de l'Aveyron, incarne cette richesse culturelle en danger. À travers sa passion pour le vocabulaire et les techniques d'antan, il a su préserver un héritage menacé. Alors que le musée des arts et métiers traditionnels de Salles-la-Source fermera bientôt, le parcours de Jean Delmas rappelle l'importance de sauvegarder notre passé pour mieux envisager l'avenir.
Une vie dédiée à la mémoire
Né pendant la guerre, Jean Delmas a été formé en tant qu'archiviste avec un sujet de thèse portant sur le vocabulaire occitan. Sa curiosité l'a poussé à s'intéresser à des régions au-delà de ses racines en Aveyron et dans le Tarn. Sa fascination pour les mots et leur signification l’a amené à rencontrer des artisans et agriculteurs, qui lui ont confié leurs histoires et savoir-faire. « Tous les gens que je rencontrais… avaient envie de parler », souligne-t-il. Ces échanges ont révélé à Delmas l'urgence de préserver un monde en voie de disparition.
Collectionner pour préserver
L’élan de Jean Delmas l'a conduit à collectionner non seulement des mots mais aussi des outils et des techniques artisanales. Sa première rencontre marquante avec un tuilier a lancé une collecte qui s'est rapidement élargie, engendrant une démarche active pour rassembler des objets préindustriels. Des sabotiers aux chaudronniers, il a sillonné l'Aveyron à la recherche de vestiges de savoir-faire, capturant ainsi l'essence d'un patrimoine en péril. « Sur les routes gelées ou enneigées, j'ai frôlé la catastrophe », se souvient-il, illustrant les défis qu'il a dû relever pour préserver ce qui pouvait l'être.
Un musée pour la mémoire
Sa passion l’a conduit à devenir archiviste départemental en 1968, moment où il a eu l'opportunité d’exposer ses découvertes dans les Archives départementales de Rodez. En 1978, il a vu son rêve se réaliser avec l'ouverture d'un musée à Salles-la-Source, élu pour accueillir ses précieuses collections. « Cette collection dépassait largement mes missions d’archiviste », confie-t-il. Les expositions qu'il a mises en place témoignent de son dévouement et de la valeur incommensurable de chaque objet.
Une fermeture qui inquiète
Aujourd’hui, la fermeture annoncée du musée représente une grande préoccupation pour ceux qui reconnaissent l'importance de cette collection dans la mémoire collective de l'Aveyron. L'association Gardarem le musée a déjà recueilli plus de 3 000 signatures pour lutter contre cette fermeture. « La valeur émotionnelle immense de cette collection », insiste Delmas, renforce l'idée que savoir d’où l’on vient est essentiel pour envisager l’avenir.
Conclusion : à la croisée des chemins
Jean Delmas, à 82 ans, continue de porter haut les histoires qu'il a recueillies tout au long de sa vie. Dans un monde en mutation rapide, son parcours symbolise l'importance de sauvegarder notre patrimoine culturel. Un appel à la préservation de notre mémoire ne pourrait pas être plus pressant dans l’actuelle période d’effritement culturel.